Qui est cet Homme de Douleurs?

Entrant dans l’âge adulte, j’étais semblable à toutes les personnes juives que j’avais connues. Comme c’était le cas de la plupart de mes amis juifs, le nom de Jésus produisait en moi toutes sortes d’émotions, plus particulièrement de l’embarras.

J’étais déconcerté par la multitude d’églises, de croix, ds statues, de peintures et de prédicateurs de rue qui étaient “visibles” de pratiquement partout où je pouvais me tourner. C’en était trop pour moi. Ajoutez à cela la suspicion “naturelle” du monde chrétien à l’égard des Juifs – sentiment quasi gravé dans mon ADN – et vous ne serez pas surpris d’apprendre que Jésus n’était pas en tête de liste de mes priorités.

Plus tard, alors que je devenais plus conscient de ce que Jésus signifiait pour les chrétiens, j’ai pu enfin, honnêtement, me demander ce que sa mort pouvait avoir à faire avec moi. Il avait été crucifié. Et alors? C’était tragique et bien triste, mais tellement loin dans l’histoire. Que pouvait bien signifier pour moi aujourd’hui, la mort d’un homme il y a vingt siècles?

C’est durant cette période de questionnement que quelqu’un m’a montré le chapitre 53 d’Isaïe, un passage dans ma propre Bible juive. Ces versets m’ont sauté aux yeux:

Méprisé et délaissé par les hommes, homme de douleur, habitué à la souffrance, il était pareil à celui face auquel on détourne la tête: nous l’avons méprisé, nous n’avons fait aucun cas de lui.

Pourtant, ce sont nos souffrances qu’il a portées, c’est de nos douleurs qu’il s’est chargé. Et nous, nous l’avons considéré comme puni, frappé par Dieu et humilié.

Mais lui, il était blessé à cause de nos transgressions, brisé à cause de nos fautes: la punition qui nous donne la paix est tombée sur lui, et c’est par ses blessures que nous sommes guéris. (Isaïe 53: 3-5 SG21).

Pour la première fois, j’étais en mesure de faire un lien avec cette victime impuissante qui avait goûté hors de toute proportion le rejet, la douleur, l’humiliation et la souffrance qui semblait caractériser l’histoire de mon peuple. J’ai aussi commencé à comprendre comment Sa souffrance touchait aussi la mienne. Qui était donc cette « homme de douleur »? Tout cela ajouté à d’autres éléments de connaissance que j’avais acquis par ailleurs, il m’apparu vite comme une évidence que cet “homme de douleur” n’était autre que Jésus ou Yéchoua’ (du nom hébreu dont sa mère l’appelait).

Isaïe 53 m’a aidé à comprendre deux choses d’une importance capitale. La première est que la souffrance de “l’homme de douleurs” a un sens véritable, non seulement en théorie, mais aussi très concrètement, en nous aidant à nous comprendre nous-mêmes dans nos circonstances quotidiennes. Dès lors, la souffrance de Yéchoua’ devient “palpable” pour nous ; elle nous aide en quelque sorte à supporter notre propre souffrance.

La deuxième chose, peut-être encore plus importante, est que la souffrance de “l’homme de douleurs” ainsi dépeinte en Isaïe 53, révèle avec puissance la dimension juive de la personnalité de Yéchoua’. Après avoir reconnu ce lien, je ne pouvais plus imaginer Yéchoua’ comme un étranger à la communauté juive. Il en était au contraire de toute evidence le modèle. Il me semblait être l’illustration par excellence de l’expérience juive de tous les temps – destiné à souffrir entre les mains du monde, mais aussi à être déclaré juste par Dieu.